(CROISSANCE AFRIQUE) – Diplômée en lettre et en droit public, Marie Elise SALAMATE nous parle du secteur de l’Immobilier de la République Centrafricaine. Aujourd’hui, elle dirige l’Agence immobilière dénommée « SLM IMMO », fondée en 2020. Société immobilière est le fruit d’une intermédiation entre l’offre et la demande visant les locations et vente de biens. Sandrine est également détentrice d’un master en gestion des ressources humaines. Lisez Sandrine à travers cette interview qu’elle nous a accordée.
Marie Elise SALAMATE, CEO de l’Agence Immobilière « SLM IMMO » basée en Centrafrique
1– Présentez-vous à nos lecteurs à travers votre parcours académique
Je suis Sandrine Marie Elise SALAMATE de nationalité centrafricaine (née à Bangui) ou j’ai suivi tout mon parcours académique. J’ai été formée dans des écoles catholiques notamment l’école primaire Ste Thérèse et le Lycée PIE XII de Bangui, ces écoles réputées pour l’excellence et la discipline. Ayant obtenu un baccalauréat littéraire, j’ai opté pour le Droit public jusqu’en Licence. Durant les vacances qui ont suivi l’obtention de ma Licence j’ai eu à passer quatre mois de stage au sein du service de la balance des paiements à la Banque des Etats de l’Afrique Centrale (BEAC), mes ambitions ont changé à ce moment-là. J’ai alors décidé de poursuivre mon master en gestion des ressources humaines pour revenir en entreprise. J’ai ensuite eu un bref passage dans un cabinet d’avocat puis chez Orange Centrafrique où j’ai été parmi les premiers agents à vulgariser le produit Orange Money dans la capitale précisément dans le premier arrondissement. J’ai aussi un fort engagement civique pour avoir été bénévole pendant cinq ans pour l’Institut républicain international en RCA, période durant laquelle je menais des sensibilisations sur différents thèmes civiques dans la capitale.
Marie Elise SALAMATE, CEO de l’Agence Immobilière « SLM IMMO » basée en Centrafrique
2. Pouvez-vous, nous présenter votre société ?
En 2019 dans mes recherches de logement j’ai été confrontée à énormément d’anomalies. Apporter des solutions et de l’ordre représentait pour moi une opportunité entrepreneuriale que je n’avais pas laissé passer. C’est dans cette dynamique que SLM IMMO a été créée en 2020. Elle est une agence immobilière à la base qui fait l’intermédiation entre l’offre et la demande pour les locations et vente de biens.
« …nous comptons dans notre portefeuille clients des organismes internationaux, des ambassades des entreprises privées de la place et des particuliers »
Avec le temps, et en échangeant avec nos clients, j’ai eu l’idée de proposer des services supplémentaires notamment le placement d’employés de maison, la conciergerie puis en 2022 nous avons rajouté la rénovation et la décoration d’intérieur à nos prestations j’en profite pour remercier le Bureau de coopération Suisse qui nous a fait le privilège de nous confier son installation en RCA, un réel succès. Aujourd’hui nous comptons dans notre portefeuille clients des organismes internationaux, des ambassades des entreprises privées de la place et des particuliers. Dans la vision de se diversifier et de proposer une large gamme de prestations à nos clients actuels nous prévoyons pour le prochain semestre de l’année en cours, de lancer une blanchisserie. La vision est d’avoir SLM Construction dans un futur proche, on y travaille. Nous nous basons aujourd’hui sur l’excellence et le professionnalisme pour maintenir notre réputation.
3-Depuis la création de votre société qu’elles ont été les difficultés contractées
Le manque d’infrastructures notamment les routes est un principal frein à nos activités. Aujourd’hui, nous avons du mal à travailler à fond dans les autres villes comme nous le faisons sur la capitale. A cela s’ajoute aussi la situation sécuritaire qui reste délicate dans certaines zones. Enfin j’ajoute à cette partie un faible financement de la part des institutions bancaires ou des taux d’intérêt que je trouve élevés ce qui ne m’encourage personnellement pas jusque-là à faire recours aux banques.
4- Centrafrique, un pays bouffé par une crise politico-sécuritaire émaillée par les jeux des grandes puissances. Pensez-vous que l’immobilier détient une chance aux grandes dames des autres secteurs ?
Je réponds avec certitude que oui l’immobilier a pleinement sa chance et il est déjà dans un bon élan en Centrafrique et ce depuis presqu’une décennie si on voit bien cela coïncide au début des récentes crises répétitives..
« Vers la mise en place D’un club de personnes souhaitant investir dans l’immobilier »
La situation politico-sécuritaire est certes fragile mais cela ne nous empêche pas de bâtir notre pays. Nous l’avons peut-être réalisé tardivement si je peux dire, mais aujourd’hui 9 Centrafricains sur 10 peu importe leur secteur d’activité expriment le désir et se battent pour investir dans l’immobilier. D’où justement mon idée de mettre en place un club de personnes souhaitant investir dans l’immobilier à qui nous proposerons le principe du financement participatif (crowdfunding) sur certains de nos projets. Une première dans la pays.
5-Dans votre secteur, notamment celui de l’Immobilier, quelles sont les défis et perspectives qui vous attendent ?
Je vais commencer par les défis, aujourd’hui il nous faut trouver des solutions efficaces et préventives aux nombreux problèmes structurels qui empêchent le développement de la chaine de valeur du logement. Il est difficile d’accéder à des parcelles titrées à des prix abordables en fonction du pouvoir d’achat du Centrafricain basic, il faut remédier à cela.
« La durée des crédits bancaires qui ne sont à majorité que sur le moyen terme sont à revoir »
Le manque en infrastructure qui se répercute sur les loyers, on doit en parler et voir dans quelles mesures recadrer cela il n’est pas concevable que pour vivre dans un environnement décent avec un peu plus d’électricité et d’eau par rapport aux autres quartiers on ait à payer des loyers élevés. La durée des crédits bancaires qui ne sont à majorité que sur le moyen terme sont à revoir. Je peux comprendre les banques vu la fragilité du climat des affaires mais elles doivent quand même accompagner considérablement les acteurs économiques de l’immobilier surtout qu’il représente un secteur en plein essor.
A mon humble avis je pense qu’il faudrait sérieusement penser à des textes législatifs qui règlementent ce secteur. Mais aussi, une plate-forme réunissant toutes les sociétés et agences immobilières, qui fera le pont entre les institutions concernées et la population, et qui devra communiquer assez autour de ses activités afin d’informer cette dernière, là je lance un appel à mes homologues.
6-Avez-vous une ambition d’internationalisation de votre société ?
Oui, SLM IMMO, je la vois dans quelques années un peu partout en Afrique et ailleurs pourquoi pas ? J’ai eu à effectuer des visites dans certains pays d’Afrique notamment le Rwanda, la Côte d’Ivoire, le Sénégal, le Kenya et le Cameroun, cela m’a donné un aperçu du contexte dans chacun de ces pays-là. Aujourd’hui je pense qu’on ne peut plus se contenter d’exercer dans un seul pays, on se retrouve rapidement sur un marché serré qui, à un moment devient aussi stagnant. Je trouve intéressant d’avoir de nouveaux défis et challenges c’est motivant.
7- Votre mot de fin
En conclusion, la RCA est certes secouée mais elle reste un pays qui a énormément de potentiel. L’immobilier quant à lui est en plein essor. A mes lecteurs, je vous répète ma citation préférée de HarvEker qui m’inspire tant et que j’adapte au contexte : « N’attendez pas pour investir dans l’immobilier en Centrafrique, investissez et attendez»
Je vous remercie.
Réalisée par Daouda Bakary KONE
Lire l’article d’origine publié dans Croissance d’Afrique ici.